Première étape : la place du village.

Avant de s’aventurer sur les routes sinueuses de ce coin du Var, le rituel consiste à s’assoir à l’ombre des platanes centenaires pour commander une boisson fraîche. Les cafés ont disposé leurs terrasses le long de la rue principale que les serveurs traversent avec leur plateau chargé de petits ballons de rouge ou de rosé. Le café central, c’est Le Cadiéro, niché dans l’ancienne cave d’un bâtiment arborant trois drapeaux tricolores en façade. Tout un symbole. Ici, les tracteurs traversent le village et s’arrêtent en plein mitan (« milieu » en provençal) de la rue, « tranquille »… En contrebas de ce belvédère, la place de la Mairie accueille parfois un DJ pour les soirées estivales « Boulègue Cadière » réputées pour la bonne ambiance. Des boutiques ont fleuri ici et là, n’ôtant rien au caractère authentique du lieu. Ça interpelle, ça discute…ça vit sur cette artère centrale, l’avenue Marx Dormoy : il y a la belle Anita, passionnée de mode dans sa boutique, qui mélange des pièces vintages à des robes colorées et des casquettes en tweed. Juste en face, La Bigourelle restaure ou confectionne de vieux jupons provençaux en coton et les expose sur ses mannequins. Et à deux pas, Carole la prof de yoga, donne des cours chez elle, rue Denfert Rochereau, une ruelle étroite encombrée de pots de fleurs et de basilic.. ou encore Stéphanie, de l’Instant Zen prend soin de la beauté des femmes au pied de la Tour de l’Horloge. De la douceur et de la féminité positive, il y en a des tonnes dans ce village placé sous le signe de Bacchus!

Etape 2 Gourmandise méditerranéenne.

Au bout de cette rue -autant dire le centre du monde- on pose ses valises ! L’Hostellerie Bérard est l’adresse élégante et gourmande qui accueille aussi bien les familles en sortie que les visiteurs étrangers, avec le même sourire. Dans cet ancien couvent du XIème siècle décoré à l’ancienne, dont les couloirs et escaliers conservent le cachet, le restaurant fait trôner sur ses tables l’huile d’olive du terroir, à déguster comme un précieux élixir en admirant le paysage de campagne dominé par le village du Castellet. Baptisé le René’ Sens, le Chef Jean-François Bérard y fait honneur à son père, le Chef René Bérard, et aux produits de son potager, accrochant au firmament de sa cuisine méditerranéenne une étoile du Guide Michelin, décrochée en 2006. La démarche du Maître Cuisinier de France souhaitant tirer au maximum partie des produits d’ici, l’a poussé à créer son potager personnel sur une colline voisine, au pied d’une vieille bastide : la Bastide des Saveurs. Des dizaines de variétés de tomates y côtoient toutes sortes de légumes anciens aux saveurs à redécouvrir. A partir de plantes aromatiques venues d’Amérique du sud ou d’Asie, il concocte des sirops pour apporter la touche subtile à ses desserts. Cette démarche écologique et durable s’est vue récompensée par l’Etoile Verte Michelin de la Gastronomie Durable en 2020 (distinction créée pour les établissements qui se distinguent par leur approche très engagée de la gastronomie, intégrée dans l’économie locale). On peut visiter sur demande ce jardin extraordinaire où Jef organise aux beaux jours, des dîners pour raviver les cinq sens! « En Cuisine, on doit repartir de zéro tous les jours car un jardin vit 24h/24 » dit-il. Et tous les matins, les cagettes remplies des surprises du jour arrivent dans sa cuisine. La cave de l’Hostellerie fait bien-sûr, parmi ses 856 références, honneur au terroir de Bandol, particulièrement au rouge qui fait un merveilleux vin de garde.

Etape 3 : Art et caprice

La Bastide des Saveurs est située sur une colline opposée au village, sur le chemin de Cuges. Cette petite route monte en lacets sur un plateau rocailleux planté de vignes et balayé par les vents. On se trouve-là au Sud de la Sainte Baume, le massif  montagneux protecteur de la région où la sainte patronne de la Provence, Marie-Madeleine, a trouvé refuge (mais c’est une autre balade). Sur le chemin de Cuges, une halte est possible chez un artiste : Philippe Le Guillou vous ouvre les portes de sa maison, une splendeur d’architecture d’inspiration japonaise réalisée par les architectes Sylvie et Maurice Sauzet. Le sculpteur a installé son showroom dans son salon ! Adepte de la récupération -des matériaux sont puisés au gré de ses balades à vélo-, il travaille aussi bien la pierre en statuettes d’inspiration africaine, montées sur des fers à béton ou des sections de rails, que l’acier corton découpé au chalumeau et assemblé sous la forme de « toiles » métalliques. L’exotisme zen de ses œuvres se marient à l’atmosphère ultra-contemporaine de la demeure. Il faudra réussir à s’extraire de la fascination qu’exerce son jardin japonais pour pousser la balade un peu plus haut vers la fromagerie du Jas de Clare, chez Roger Magnaldi : sa ferme accueille pour la vente directe des fromages de chèvres tout frais. Il collectionne les vieilles Panhard, et fait sa tournée dans un modèle commercial, aussi blanche que ses délicats fromages.

Contact@philippeleguillou-sculpteur.art

Etape 4 : Le Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume

A l’Ouest de la Cadière d’Azur, les vignobles de l’AOP Bandol s’étendent sur le périmètre du Parc Naturel de la Sainte-Baume dont le contrefort rocheux est visible depuis la corniche du village. De ce côté-là, les caves viticoles sont nombreuses : Lou Capelan, La Suffrène, Château Vannières… environ une dizaine. D’autres s’étendent sur la commune de Saint-Cyr telles Pieracci, Château Pradeaux, Pey-Neuf ou l’Estagnol.. La route des vins de Bandol vous fait traverser pas moins de 1600 hectares répartis sur sept villages autour de La Cadière : Saint-Cyr-sur-Mer, Bandol, Le Castellet, Le Beausset, Evenos, Ollioules et Sanary-sur-Mer, tous très proches de la mer. Il sera difficile de choisir entre les 70 domaines de l’appellation, créée en 1941, car chacun renferme son propre caractère. Mais partout, on trouve les murs de pierres sèches, des vignes étagées sur les restanques, entre garigue et oliveraies. La mer n’est jamais loin. Il faut dire que le cépage roi, majoritaire, est un capricieux : il ne produit de 40 hectolitres à l’hectare. De plus, « le mourvèdre adore voir la mer » affirme Laurent Bunan, Président des Vignerons Indépendants du Sud de la France. « Il veut sentir la brise marine sur sa peau ! »

Etape 5 : Le boom du caveau

« Entre la baie de Bandol et la baie de Saint-Cyr, les vents circulent d’un cirque à l’autre, créant un micro-climat où la pluie est rare « , poursuit Laurent Bunan.« Cette fraîcheur permet au raisin d’arriver à maturité sur des terres pauvres. Ici, le mourvèdre, cépage autochtone, nous donne des rosés fruités, tout en rondeurs, faciles à boire. Ce sont des rosés de bouche, pour accompagner un repas. Ce micro-climat a facilité le passage à la culture biologique il y a quinze ans ». Comme la plupart des domaines, le Domaine Bunan exploite des parcelles éclatées d’une colline à l’autre, parfois minuscules et difficiles d’accès. Sur les versants au sud de La Cadière, on trouve le Domaine du Gros Noré, reconnaissable aux étiquettes dessinées main, le Domaine Castell- Reynoard qui travaille la vigne en bio dynamie, le confidentiel Domaine Tempier ou encore le Château de Pibarnon, pour n’en citer que quelques-un. Si le vin de Bandol est très demandé à l’export, particulièrement dans les pays anglo-saxons, les ventes au caveau ont énormément augmenté grâce aux paquebots de croisière qui font escale à Bandol ou Sanary-sur-Mer. D’ailleurs, les vignerons redoublent d’imagination pour l’aménagement de leur caveau et l’accueil des visiteurs. Ainsi, la route des vins invite-t-elle à découvrir un patrimoine local savamment valorisé. Aux domaine Bunan, on vous accueille avec la collection empélographique des cépages présents dans l’assemblage de l’AOP (mourvèdre, grenache, cinsault, carignan,…) plantés à l’entrée du domaine. Sur un tertre, une sculpture métallique introduit à la présence de l’art, si apte à magnifier le rituel de dégustation des vins.  Et à l’intérieur du caveau, une exposition retrace les 60 ans du domaine. On y découvre Marlon Brando en photo avec sa petite amie bandolaise, amateur et explorateur des vins de Bandol dès les années 60 !!